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  • : Le blog de Jean-Loup
  • : Engagé, depuis plusieurs décennies dans une démarche visant à lutter contre tous les processus d'exclusion, de discrimination et de ségrégation socio-urbaine, je suis persuadé que si nous voulons « construire » une société reposant sur un véritable Vivre Ensemble. Il nous faut savoir, donner du sens au sens, prendre le temps de la concertation et faire des propositions en adéquation avec les besoins de nos concitoyens.
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6 février 2018 2 06 /02 /février /2018 10:48

En rire ou en pleurer... Voilà la question 

Bon. Parlons d’un sujet sérieux en ce lundi et pour le premier édito de cette nouvelle semaine que nous allons passer ensemble.

Les émeutes du Nutella. Oui. C’est un sujet plus que sérieux et derrière cette simple pâte à tartiner se cache une symbolique profonde et de grands sujets philosophiques à mettre en lumière sur ce qu’est devenue notre société.

Autrefois réservées aux “forcément crétins” américains, les émeutes promotionnelles sont devenues en moins de 5 ans une réalité dans les rayons de nos supermarchés. J’en reste toujours sans voix et ébahi.

N’accusez pas le pourcentage de réduction ! Ils en profiteront pour nous réduire les réductions possibles et c’est d’ailleurs déjà annoncé !!!

N’accusez pas Intermarché, personne ne pousse les gens à s’entre-tuer pour 3,30 euros de réduction sur un pot de pâte à truc.

N’accusez pas la misère ou le chômage, c’est une insulte à l’égard des vrais pauvres, car un vrai pauvre véritablement pauvre et misérable n’ira même pas dans un magasin. Vous imaginez les migrants qui campent sous nos ponts se jeter sur une promo Intermarché pour du Nutella ? Sérieusement ? Non !

Les seuls à blâmer sont tous ces imbéciles décérébrés de “con-sommateurs” qui se laissent emporter par le désir de possession, par l’avidité. Par le “prix”. Le Nutella n’est pas un besoin vital, à peine superflu.

L’absence d’éducation !

Alors ils sont nombreux, les bêlants, à regarder les taux de chômage et à gloser sur le rapport évident entre “misère” et émeutes Nutella…

Personne pour parler de la vérité.

Personne pour dire la vérité.

Les émeutes Nutella, ce n’est ni le chômage ni la misère, c’est l’absence d’éducation, de courtoisie, c’est l’absence de maîtrise de ses émotions, de son avidité ou de ses pulsions.

Que l’on soit riche ou pauvre,

Que l’on soit à Roubaix ou dans le 16e à Paris, rien ne justifie que l’on se jette sur un bocal, parce que c’est une question de maîtrise de soi.

Être pauvre n’est en aucun cas une excuse pour s’exonérer de la nécessaire et indispensable maîtrise de ses pulsions. C’est la différence entre l’homme et l’animal dont nous parlons, pas de celle entre le “riche” et le “pauvre”.

Si l’on renonce à la maîtrise de soi, à la maîtrise de nos pulsions, alors nous justifierons, tôt ou tard, les viols, les vols, les pillages, les meurtres et les massacres… Finalement, c’est ce que nous sommes insidieusement en train d’accepter chaque jour un peu plus.

L’éducation, c’est la maîtrise de ses pulsions pour permettre la cohabitation en société et rendre les choses vivables.

L’éducation et la politesse, c’est ringard, c’est forcément de droite, c’est un tantinet fasciste même… sauf qu’une société sans éducation, sans courtoisie, sans politesse, sans règles de bienséance, ce n’est même plus la chienlit, c’est le bordel total, et ce pays devient un effroyable bordel.

L’intégration Nutella !

Autre remarque que les bien-pensants prendront bien comme ils voudront : force est de constater une parfaite et totale intégration dans la crétinerie et une toute aussi totale parité homme-femme dans la bêtise crasse de nos “foules” ou de notre peuple.

Nous voyons dans ces cohues indescriptibles autant de femmes voilées que de cheveux au vent.
Nous voyons autant de femmes affamées de Nutella que d’hommes décérébrés.

En un mot ? Tous unis dans la connerie, ce qui me fait dire que la connerie est paritaire. Quel beau programme. Quel bel avenir pour nos peuples.

Réduire l’homme à l’avoir plutôt qu’à l’être.

Blancs, noirs, jaunes et marrons, hommes et femmes, jeunes et vieux, voilées ou non, tous unis et intégrés au saint système capitaliste productif du toujours plus et de la “con-sommation” de masse.

Célébrons ensemble, la France black-blanc-beurre de cacahuète et huile de palme, vous savez cette huile de palme que l’on cultive et qui nécessite de détruire des milliers d’hectares de biodiversité pour que l’on se tape dessus dans les rayons de supermarchés à la moindre promotion.

Ne comptez effectivement pas trop sur moi pour trouver une seule circonstance atténuante à nos masses décérébrées qui doivent être désignées comme telles quelles que soient leurs origines ethnico-religioso-je-ne-sais-pas-quoi !

Le débat entre l’inné et l’acquis a été tranché depuis bien longtemps ! Pour 95 % des gens, c’est l’acquis qui fera de vous ce que vous deviendrez ! Pour une infime minorité, le poids des gènes ne pourra pas être compensé par l’acquis, c’est le cas, pour donner un exemple clair, d’une maladie génétique orpheline sans traitement ! Vous aurez beau être aussi intelligent et brillant que Stephen Hawking, vous serez dans un fauteuil roulant, mais vous serez tout de même, grâce à l’intelligence et aux savoirs, l’un des astrophysiciens les plus brillants de l’histoire de l’humanité.

L’acquis c’est l’instruction, c’est l’éducation, c’est la connaissance et les savoirs !

Oui les masses sont devenues terriblement stupides. Pas uniquement par leur seule responsabilité évidemment. C’est tout un système qui rend les gens crétins, à commencer par nos enfants, les vôtres comme les miens, et lutter contre ce système est, disons-le, très difficile !

Difficile de lutter contre la télé.
Difficile de lutter contre les jeux vidéo et tous les aie-pads et autres tablettes.
Difficile de lutter contre les téléphones portables et les smartphones.
Difficile de lutter contre les réseaux sociaux.
Difficile de lutter contre les émissions de télé-réalité,

Tout cela est très séduisant, très attirant. Très destructeur également.

Voilà à quoi ce relâchement collectif majeur aboutit.
Voici ce à quoi notre abdication collective à l’instruction vient de nous conduire.
Voici l’avenir de vos enfants.
Voici la vie en France en ce mois de janvier 2018.

Philosophiquement, politiquement, humainement, ne comptez pas sur moi pour me résoudre à considérer que cela est normal.
Que c’est bien.
Que c’est ainsi.
Qu’il n’y a rien à faire, et que l’on ne peut pas proclamer que c’était mieux avant !

Oui c’était mieux avant, mais pas pour tout !

Énonçons une évidence. Pour certaines choses, c’était mieux avant. Pour d’autres, c’est mieux maintenant !
Si nous n’étions pas devenus complètement stupides collectivement, si nous n’étions pas étouffés par les politiquement corrects, et le poids des lobbys qui ont tous un truc à vous vendre ou une position dominante à défendre, nous serions capables d’avoir une réflexion profonde sur les “progrès”.

Nous pourrions choisir ce que nous prenons de mieux, et ce que nous refusons pour conserver ce qui était mieux avant !

Navré de le dire, mais quand j’étais enfant, l’Éducation nationale c’était nettement mieux que maintenant et à l’époque de mes parents, c’était encore bien mieux. Je parle du niveau et du degré d’exigence.

Résister contre ce système, contre cette bêtise globale est encore une fois le devoir de chacune et chacun de nous, pour nous-mêmes et pour nos enfants.

Passons maintenant aux aspects concrets… Résister donc, survivre à cette ambiance de fin du monde intellectuel, certes… mais comment faire ? Voici ce que j’ai fait ce week-end avec mes enfants.

De façon pragmatique, comment survivre à une émeute de supermarché ? En n’y allant pas pardi !

Oui, mais… je veux manger du Nutella !!

Je viens donc d’adapter mes préparatifs à la fin du monde forcément de plus en plus proche quand j’observe sidéré le comportement de mes congénères.

En plus des boîtes de raviolis, je viens de rajouter le nécessaire du petit fabricant de pâte à tartiner que nous nous sommes empressés de tester avec les enfants. Cela permet, au passage, de faire un poil d’éducation !!

Pour fabriquer son Nutella en cas de crise de manque majeure, il vous faut :

1/ de la poudre de noisette ;
2/ du lait concentré sucré ;
3/ du chocolat noir.

1/ Préparez les ingrédients… enfin pas vous, les enfants (C'est mieux)!

2/ Profitez-en pour faire réviser les problèmes de math à celle de 8 ans, qui découvre comment on divise 200 grammes par deux vu qu’il faut 100 g de chocolat et que la tablette en fait 200 alors on compte les carrés… Pas gagné mais on y arrive !

3/ Une fois le chocolat fondu, rajoutez le lait concentré sucré… Bon, ne lésinez pas, videz le tube, ça va plus vite !!!

4/ Mettez une bonne grosse cuillère de poudre de noisette, allez-y franchement, en fait mettez-en deux !!! C’est meilleur et cela aura plus le goût de Nutella…

5/ Demandez au papa que je suis de faire cuire les crêpes, mais ne demandez pas à l’économiste de faire sauter les crêpes… Essai raté de la poêle d’en bas… Bon, tartinée, cela se mangera, rassurez-vous pour cette pauvre crêpe. Étalez votre pâte à tartiner faite maison et avec amour par vos enfants qui sont très fiers de leur œuvre. Profitez-en pour les féliciter et “travailler” l’estime de soi qu’ils peuvent avoir, car comme dit notre docteur, “si ce n’est pas vous qui leur faites des compliments, personne ne le fera…” (Pas bête le docteur.)

Savourez. Dégustez… 

Plutôt que de nous battre et de nous bousculer dans un supermarché pour un pot à 1,40 € au lieu de 4 et quelques, nous avons passé un bon moment avec nos enfants. Ils ont patouillé, découvert et goûté. Ils ont “fait”, ils ont “fabriqué”. Nous n’avons tué aucun singe en cultivant de l’huile de palme, nous avons limité notre impact écologique, nous avons vécu quelque chose, nous avons expérimenté, nous avons fait un poil de chimie et découvert que c’est le lait concentré qui permet d’obtenir une pâte qui se tartine et pas du chocolat fondu qui redevient dur en refroidissant…

Les enfants ont pu se rendre compte qu’il valait mieux que papa fasse de l’économie plutôt que de la cuisine… Nous avons donc résisté. Nous avons résisté sans pour autant choisir la misère, l’absence de tout. La simplicité et la frugalité ne sont pas l’absence de tout. Au contraire, c’est redonner la vraie valeur aux vraies choses et aux vrais moments.

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26 juin 2017 1 26 /06 /juin /2017 17:40

Le rapport annuel du Conseil d’Orientation des Retraites montre que les prochaines années seront difficiles : les retraites seront déficitaires de 10 milliards d’euros dès 2020.

Le rapport annuel du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) a pris des allures d’audit complémentaire à celui de la Cour des Comptes. Loin du triomphalisme affiché en son temps par Marisol Touraine (qui s’était vantée d’avoir terrassé les déficits sociaux), les prévisions montrent que les dix prochaines années seront très difficiles, même en cas de reprise économique.

Dans ce genre d’exercice (celui des prévisions à long terme sur les comptes sociaux), il existe un incontournable : la projection d’une série de scénarios où la croissance, le taux de chômage, la productivité, évoluent de façon différente. Personne n’est jamais véritablement convaincu par les hypothèses ou les combinaisons d’hypothèses retenues. Dans le cas du COR, celles-ci varient d’une croissance à 1% en moyenne pour pousser jusqu’à 1,8%.

L’intérêt des simulations est de montrer que, jusqu’en 2040, dans tous les cas, le régime par répartition, à réglementation inchangée, accusera un déficit important. En dehors de l’hypothèse à 1,8%, le besoin de financement sera d’au moins 10 milliards par an pour les vingt prochaines années. Si la croissance se maintient à 1%, il dépassera les 20 milliards à l’horizon 2025.

Les causes de ce phénomène sont bien connues : la durée de vie à la retraite augmente plus vite que les recettes naturelles du régime.

UNE CATASTROPHE POUR LES RETRAITES À COURT TERME

L’un des intérêts majeurs de l’étude du COR est surtout de montrer que, d’ici à la fin du quinquennat, les retraites seront forcément déficitaires, quel que soit le scénario de croissance qui se produise. Il n’y a donc pas à tortiller, ni à prendre un quelconque pari.

Dans tous les cas, Emmanuel Macron sera confronté à une dégradation des comptes sociaux qui l’obligera à réagir pour tenir l’objectif de 3% de déficit dans le cadre des traités.

La dégradation sera même très rapide. Selon le COR, la France se promet un déficit de 10 milliards d’euros en 2020 si des mesures d’urgence ne sont pas prises.

C’est une très mauvaise nouvelle pour Emmanuel Macron qui avait imaginé pouvoir compter sur un petit répit et n’engager sa réforme des retraites qu’à partir de 2018.

DES SOLUTIONS DIFFICILES POUR LE NOUVEAU PRÉSIDENT

Dans la pratique, la dégradation des régimes de retraite agit comme une véritable peste : une fois le virus diffusé, il est très difficile de le combattre. Les remèdes à court terme sont en effet peu nombreux, bien connus et pénibles à faire avaler au public.

De deux choses l’une en effet.

Soit Emmanuel Macron retarde l’âge de départ à la retraite… mais cette option sera compliquée à mettre en oeuvre pour un Président qui a annoncé une réforme systémique qui laisserait à chacun le soin de choisir son âge de départ.

On voit mal comment d’une main, le Président pourrait promettre un système notionnel où chacun part quand il le souhaite, et d’une autre main expliquer doctement que la traduction immédiate de ce dispositif consiste à repousser l’âge des partants.

Soit le Président adopte la solution déjà discrètement pratiquée par Marisol Touraine : la baisse des pensions. En retardant les indexations d’un semestre, la précédente ministre a en effet pu glaner quelques précieux milliards au détriment du niveau réel des retraites.

Reste, bien entendu, le troisième levier : éponger le déficit par une énième augmentation des cotisations. Mais, dans ce cas, sauf à admettre publiquement qu’il ne renouvelle rien et qu’il déçoit collectivement son électorat, Macron devra trouver des économies sur d’autres sources de financement de la Sécurité sociale pour compenser ce sérieux coup de canif à ses promesses.

La difficulté, pour le Président, c’est que le temps va manquer pour finasser. Dès 2019, le déficit devrait repartir en sérieuse hausse.

Ce que promettait le programme En Marche

Après plus de vingt ans de réformes successives, le problème des retraites n’est plus un problème financier. Les travaux du Conseil d’Orientation des Retraites, qui font référence, le montrent : pour la première fois depuis des décennies, les perspectives financières permettent d’envisager l’avenir avec « une sérénité raisonnable » selon le Comité de Suivi des Retraites. L’enjeu aujourd’hui n’est donc pas de repousser l’âge ou d’augmenter la durée de cotisation.

Pourtant, les Français ne savent plus s’ils peuvent se fier à leur système de retraites. Beaucoup, parmi les jeunes notamment, ont perdu confiance. L’opacité des règles conduit à ce que notre système de retraite par répartition, qui est l’expression de la solidarité entre générations, ne fournisse pas à chacun la sécurité qu’il est en droit d’attendre. Ceux dont les carrières sont heurtées ou les font passer par différents statuts – salarié, indépendant, agent public – sont facilement pénalisés. On ne sait si des nouveaux efforts vont être demandés. Chacun a l’impression d’être moins bien traité que d’autres.

Notre projet, ce n’est pas de changer encore une fois tel ou tel paramètre du système de retraites. Il n’est pas de sortir de la répartition. Il est de rétablir la confiance et de construire un système adapté aux parcours professionnels et de vie d’aujourd’hui et de demain. Il est de clarifier et de stabiliser les règles du jeu, une fois pour toutes, en mettant en place un système universel, juste, transparent et fiable, dans lequel chacun bénéficie exactement des mêmes droits.

Notre système restera fondé sur la répartition, qui est l’autre nom de la solidarité entre les générations. Il restera collectif et solidaire. Il continuera à tenir compte de la diversité des carrières, dont certaines sont plus longues ou plus pénibles. Il préservera les avantages sociaux, par exemple ceux qui sont liés à la maternité. Mais il le fera de manière plus transparente et plus juste.

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9 septembre 2016 5 09 /09 /septembre /2016 14:07

Quand !!! François Hollande est en campagne au pays des merveilles… et, bien plus….

Hier, salle Wagram, le discours de François Hollande est tombé à plat. Il parlait d’une France qui n’existe plus et qui se résume à un empilement de clichés dépassés depuis une dizaine d’années.

François Hollande a prononcé son premier discours de campagne hier jeudi 8 septembre depuis la salle Wagram, qui fut en son temps un lieu de bals mondains. Il faut avoir entendu François Hollande expliquer que la France était sur la voie du redressement économique pour comprendre la maldonne de ce discours : bien entendu, il ne s’agit pas (une fois de plus !) de parler de la France et de son destin réel, mais de prononcer quelques formules magiques supposées maintenir les Français dans un état de transe extatique…

Hollande et le redressement économique

Il paraît (selon François Hollande) que la France est sur la voie du redressement économique et qu’elle fait briller dans les yeux du monde entier de petites lueurs d’envie. Nous avons même eu droit à un délire impressionnant sur la notion d’identité, qui n’existerait pas vraiment, et sur l’amour universel que nous inspirerions, avec toutes nos grandes réussites mondiales, notamment notre démographie galopante qui nous permet de figurer parmi les puissances d’avenir et les vertus de la construction européenne.

On avait l’impression de dîner dans les beaux quartiers parisiens, et d’entendre les considérations mondaines les plus plates sur ce qui se passe au-delà du périphérique. Et une fois de plus les Français ont compris que François Hollande ne savait pas vraiment ce qui s’y passait.

Le mythe tenace du redressement économique

Bien évidemment que non ! il n’y a pas de redressement économique en France. Il suffit, là encore, de lire les résultats du baromètre Fiducial et Ifop pour comprendre que, non seulement la grogne chez les chefs d’entreprise est ancrée, mais qu’elle comporte une forte dose de totale désillusion. 83% des chefs d’entreprise ne croient pas un seul instant que le prochain gouvernement baissera les impôts, et une écrasante majorité d’entre eux considère que la fiscalité est confiscatoire.

Dans un paysage aussi dévasté, où la rupture est consommée entre les chefs d’entreprise et le pouvoir, comment François Hollande peut-il vanter le redressement économique ?

La catastrophe familiale française

S’agissant de la démographie, on ne rappellera pas ici le leurre que les chiffres officiels constituent. Si beaucoup d’enfants naissent en France, ce sont majoritairement des enfants d’étrangers reconnus Français par le droit du sol. La situation de la France n’est donc pas meilleure que celle de l’Allemagne.

Qui plus est, dès son accession au pouvoir, François Hollande a abondamment tapé sur les familles moyennes, jusqu’à y réduire la natalité. Les avantages fiscaux que les classes moyennes pouvaient avoir en faisant des enfants ont disparu les uns après les autres. Vanter les mérites de notre démographie après les avoir combattus aussi vaillamment relève donc de la parfaite imposture.

Encore un couplet sur l’Europe

Le discours de Hollande a permis par ailleurs d’en remettre une couche sur le catéchisme eurolâtre qui semble une fois de plus déconnecté de la réalité. Faut-il rappeler que nous sortons d'un Brexit et que nous découvrons que le premier bienfait de l’Union consiste à organiser la défiscalisation en bonne et due forme des entreprises les plus riches du monde ?

C’est pourtant le moment que François Hollande choisit pour réciter ses antiennes à rebours de la réalité. Et pour tordre le cou aux rumeurs, ce n’est pas l’Union Européenne qui a garanti la paix en Europe depuis 1945, mais la confrontation entre le bloc soviétique et le bloc capitaliste, sous les auspices d’une bombe atomique qui a calmé les ardeurs de tout le monde.

Les élites coupées des réalités

Plus que jamais, le discours de François Hollande est donc tombé à plat pour tous ceux qui l’ont écouté avec une oreille critique. Il parlait d’une France qui n’existe plus et qui se résume à un empilement de clichés dépassés depuis une dizaine d’années. C’est à peu près le rythme auquel ceux qui lui ont écrit son discours franchissent le périphérique.

L’abus de champignons hallucinogènes et autres substances est semble -t-il mauvais pour la santé.

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6 septembre 2016 2 06 /09 /septembre /2016 13:43

Pour les Républicains, l’enjeu ne se situe pas au mois de mai 2017, mais bien en novembre 2016. Celui qui gagnera les primaires aura tout gagné. Une erreur stratégique ?



  • L’université d’été de La Baule, qui réunissait les Républicains agités par leur primaire, a donné un spectacle étrange : celui d’une tribu en guerre si sûre de gagner qu’elle passe plus de temps à choisir son chef qu’à se battre contre ses adversaires.

Gagner la primaire ou la présidentielle ?

Les Républicains semblent avoir une idée sotte en tête : celle qui veut que le vainqueur de la primaire sera automatiquement le vainqueur de la présidentielle. Comme si le suffrage universel était une étape symbolique, ou une formalité de second ordre.

On comprend bien le calcul sous-jacent à cet état d’esprit. Il part du principe que le candidat des Républicains aura gagné une sorte de ticket automatique pour le second tour. Et, à ce moment-là, de deux choses l’une : soit Les Républicains sont face au Front National, et, avec l’appui des voix de la gauche, ils ne feront de Marine Le Pen qu’une bouchée. Soit Les Républicains sont face à François Hollande, et, avec les réserves des voix de droite, ils n’en feront qu’une bouchée. Donc, dans tous les cas, l’élection est une partie de plaisir.

L’effet pervers de l’excès de confiance

Pour Les Républicains, l’enjeu ne se situe donc pas au mois de mai 2017, mais bien en novembre 2016. Celui qui gagnera ce jour-là aura tout gagné. La véritable bataille n’est pas contre le camp adverse, mais bien contre son propre camp. D’où cette espèce de tombereaux de petites phrases qui visent les hommes et non les idées, et ce sentiment de déchirement permanent entre des personnalités qui se détestent entre elles et qui, par-dessus tout, détestent Nicolas Sarkozy

C’est le propre de l’excès de confiance : puisque l’élection est gagnée, il faut y être à tout prix.

L’incertitude sondagière

À une époque pas si lointaine, les militants des Républicains s’accordaient pour dire que l’élection à la primaire serait intimement liée à l’état des sondages. Serait élu celui qui, dans les sondages, aurait le plus de chances d’être élu président de la République. Malheureusement, les sondages sont incertains, et les Français donnent autant de chances à Juppé qu’à Sarkozy. Les Républicains n’éviteront donc pas les mauvais coups entre eux, et ils ne pourront compter sur les sondages pour leur éviter un combat des chefs.

Les arguments sous et sur la ceinture de François Fillon

D’où les arguments sous la ceinture de François Fillon, qui a épinglé les justiciables candidats à la Présidence. Ce va-tout vise autant Nicolas Sarkosy qu’Alain Juppé. La manoeuvre est un peu rustique, mais elle pourrait produire son effet. Toujours est-il que Fillon a refait une partie de son retard, et présente aujourd’hui le programme le plus libéral de tous les candidats Rien n’exclut donc qu’il ne parvienne à surprendre, au moins en partie, ses adversaires.

Sarkozy plus que jamais bonapartisé

Reste que Sarkozy inquiète le plus ses rivaux et concentre le feu de leurs critiques. Cette convergence est suprêmement contre-productive. Il y a, dans Sarkozy, un profond relent de bonapartisme que cette solitude met en exergue. Les Républicains voudraient forger une légende, ils voudraient donner l’impression d’un destin unique, d’une réussite seul contre tous, qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. Et Sarkozy leur devra sans doute une fière chandelle, car l’intensité des petites phrases, des allusions, des critiques dont il est l’objet font d’eux ses meilleurs ennemis et ses plus fidèles alliés.

Ce n’est pas tant que Sarkozy ait besoin de Juppé et compagnie pour gagner. En revanche, il a besoin d’eux pour reprendre les habits de l’hyper-présidence, avant même d’être élu. Il a besoin de ce feu nourri pour donner la pleine dimension de sa bestialité électorale.

De là à penser que le vainqueur de la primaire sera automatiquement élu, il y a un gouffre que Les Républicains franchiront seuls.

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31 août 2016 3 31 /08 /août /2016 13:55

Quand le Chômage est en baisse ? ce que disent vraiment les chiffres…et, bien plus!!!

Les chiffres du chômage sont annoncés en baisse à la satisfaction générale. Le détail des chiffres semble pourtant cacher un subterfuge électoraliste.

Les chiffres mensuels du chômage sont tombé. On nous avait dit que ça allait mieux. On nous avait aussi dit que quand la croissance était inférieure aux prévisions, c’était pas de bol. Le bol semble être revenu et ça va effectivement mieux puisque le chômage baisse en juillet. Près de 20 000 chômeurs de moins. Comment ne pas se réjouir d’une si bonne nouvelle ? Suivez le guide…

Chômage : pour aller plus loin dans les chiffres

Un petit rappel semble à ce stade indispensable. Qu’entend-on par catégorie de chômeurs ? Le très officiel site du service public nous informe :

  • Catégorie A : Personne sans emploi, tenue d’accomplir des actes positifs de recherche d’emploi, à la recherche d’un emploi quel que soit le type de contrat ( CDI, CDD, à temps plein, à temps partiel, temporaire ou saisonnier).
  • Catégorie B : Personne ayant exercé une activité réduite de 78 heures maximum par mois, tenue d’accomplir des actes positifs de recherche d’emploi.
  • Catégorie C : Personne ayant exercé une activité réduite de plus de 78 heures par mois, tenue d’accomplir des actes positifs de recherche d’emploi.
  • Catégorie D : Personne sans emploi, qui n’est pas immédiatement disponible, non tenue d’accomplir des actes positifs de recherche d’emploi (demandeur d’emploi en formation, en maladie, etc.).
  • Catégorie E : Personne pourvue d’un emploi, non tenue d’accomplir des actes positifs de recherche d’emploi.

Autrement dit, pour tout gouvernement qui se respecte, le chômage, c’est avant tout la catégorie A, soit des personnes qui ne travaillent pas du tout. Tant que ce chiffre baisse, c’est que ça va mieux sur le front du chômage. Tenez-le vous pour dit.

Les catégories B et C représentent les personnes qui ont tellement peu travaillé qu’on ne peut même pas considérer qu’elles ont trouvé du travail. La catégorie D est réservée aux personnes en formation et en maladie pour l’essentiel. La catégorie E est enfin destinée à comptabiliser les personnes qui ont un travail, meilleur que celui des catégories B et C, mais pas suffisamment meilleur pour les sortir des statistiques.

La satisfaction du gouvernement…

Le Figaro rapporte que la désormais célèbre ministre du Travail se satisfait de la situation :

Ces résultats globaux sont bien le fruit d’une politique volontariste et ciblée. Les mesures déjà mises en œuvre (Pacte de responsabilité et de solidarité, CICE, aide Embauche PME notamment) vont continuer à stimuler la création d’emplois de qualité (nous avons enregistré le 5e trimestre consécutif de créations nettes d’emplois). L’accélération de la baisse du chômage demeure une priorité du gouvernement, tout comme la sortie de l’activité réduite vers un emploi durable à durée indéterminée, notamment pour les plus jeunes. (…) Le Plan 500.000 formations supplémentaires poursuit son déploiement et permettra aux personnes en recherche d’emploi de saisir des opportunités professionnelles dans les mois qui viennent.

… et la réalité des chiffres du chômage

Pour commencer, nous pouvons noter que le détail des variations du mois de juillet par catégorie est beaucoup moins flatteur. Le chômage total augmente. Ceux qui sont sortis de la catégorie A ont, peut-être et pour partie, trouvé un emploi stable mais ils ont aussi clairement alimenté les catégories B, C et D. Pire, le total de toutes les catégories augmente de 10 900 personnes ce qui montre qu’il y a au total de nouveaux demandeurs d’emplois.

On peut noter que, sur les derniers mois, la ministre du Travail a raison de mettre en avant son plan de formation. On peut observer une très belle anti-corrélation entre la catégorie A et la catégorie D. Les mauvais esprits (dont je fais partie) penseront qu’il s’agit là de faire baisser artificiellement les statistiques. En effet, comme on ne sait rien sur l’efficacité des formations suivies par les demandeurs d’emploi, on ne peut pas réellement parler de baisse du chômage sur la base de la baisse de la catégorie A.

Dans le même temps, les catégories B et C qui correspondent à des emplois précaires ont augmenté de près de 50 000 personnes depuis un an et de plus de 45 000 personnes depuis avril, quand ça allait mieux.

Les élections approchent

Si quelqu’un devait être surpris que les élections présidentielles arrivent si vite, ce ne serait certainement pas François Hollande. Il a passé un mandat à agiter des mesurettes pour réduire le chômage et à repousser l’horizon de son inversion de la courbe, posée en condition de sa future candidature. Patiemment, il a attendu qu’il soit enfin possible d’importer la croissance comme aux glorieux temps de Lionel Jospin. Pas de bol, ce n’est pas arrivé. Il a donc fallu, juste à temps, user du subterfuge de la formation pour faire baisser les chiffres de la catégorie A que la majorité des médias porte aux nues comme l’indicateur le plus pertinent. Les Français seront-ils dupes ?

RIEN n'est moins sûr !!!!!

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28 août 2016 7 28 /08 /août /2016 12:02

Un ami m'a "poussé" cet Article que je soumets à votre sagacité

Vous pouvez devant un verre d’alcool en apprendre énormément sur votre psychologie et préparer votre rentrée sous les meilleurs auspices. Déjà, vous vous rappelez que l’excès d’alcool est une des plus sûres manières de se sentir angoissé ou déprimé. L’alcool est l’exemple même du faux ami. A petite dose, il vous fait croire que le monde est à vous et que personne ne résiste à votre séduction ou à vos blagues. Mais dès que vous continuez à boire, l’ami devient un ennemi. Il vous met doublement en danger. Vous ne vous contrôlez plus, vous vous mettez en danger et vous sentir revenir au galop toutes les angoisses que l’alcool avait semblé vous éviter. Même s’il y a eu quelques excès en vacances, la rentrée va être l’occasion de retrouver une forme sans coup de fouet artificiel.

L’alcool est l’exemple même du faux ami.

Au delà de ce message de santé un peu basique, l’alcool va vous donner une leçon de vie. Faites tomber dans deux verres d’eau différents une goutte d’anisette et une goutte de vodka et regardez ce qui se passe. La vodka ne trouble pas l’eau. Si vous buvez l’eau avec la vodka, elle aura peut-être bien un petit goût aigre mais elle n’est pas complètement modifiée par l’alcool que l’on a ajouté. Faites la même expérience avec de l’anisette. Une goutte suffit. C’est tout le verre qui est troublé. Même si le goût de la boisson n’a pas changé, son aspect est complètement transformé. L’eau est trouble. Elle est troublée et elle le restera.

Cet effet vodka et anisette décrit deux manières de penser.

Cet effet vodka et anisette décrit deux manières de penser. Vous avez celles et ceux qui prennent les soucis comme une goutte de vodka. Ils leur rendent bien l’existence un peu plus difficile, un peu aigre mais ils ne la troublent pas complètement. Et il y a ceux qui raisonnent façon anisette. La moindre difficulté les bouleverse aussi définitivement qu’un verre d’eau avec de l’anisette. Leur vie n’est jamais aussi parfaite qu’ils l’attendaient. Selon l’esprit anisette, ce qui n’est pas complètement réussi est complètement raté. Et c’est irrémédiable. Rien de ce qui a été changé ou perturbé ne s’éclaircira jamais. Pas plus que le verre d’eau troublé par l’anisette ne retrouvera son aspect limpide.

Si nous devions décrire cet état d’esprit avec des mots un peu plus savants, on dirait que l’effet anisette est le raisonnement en tout ou rien ou encore la pensée absolutiste. Quand on pense façon anisette ou absolutiste, on fait subir ses exigences à tout son entourage, en famille et au travail. Les amis sont soit des amis toujours disponibles, complètement clairs, soit des personnes troubles. Un vrai ami ou un ami complet est quelqu’un que l’on joint tout le temps, même en urgence, même pendant ses vacances ou en réunion. On ne le dérange pas, même au milieu de la nuit ou quand il est déjà occupé. Qu’il manifeste tant soit peu d’impatience. Qu’il ne laisse un jour que son répondeur, et on ne peut plus rien attendre de lui. La relation est atteinte par l’effet anisette. Vous imaginez qu’avec de telles exigences, vous ne gardez pas longtemps vos amis et vous agacez vos collègues.

Les vacances ont été l’occasion d’exercer soit son effet vodka face aux imprévus et soucis soit son effet anisette. Avez-vous recherché des vacances parfaites du début à la fin ou avez-vous supporté les jours de mauvais temps, les quelques retards ou rendez-vous manqués, les chambres ou les paysages qui ne ressemblent pas à ce qui était présenté dans l’annonce Internet ?

Entamez-vous la rentrée sur le mode de l’exigence absolue ou allez-vous utiliser l’énergie des vacances pour rentrer sur un mode plus tranquille, plus vodka ?

Le retour au travail va vous donner l’occasion d’exercer votre esprit vodka ou anisette. Entamez-vous la rentrée sur le mode de l’exigence absolue ou allez-vous utiliser l’énergie des vacances pour rentrer sur un mode plus tranquille, plus vodka ? Vous voyez que dans l’un ou l’autre des cas, votre travail va changer. L’homme ou la femme à l’esprit anisette s’épuise et se fâche. Il remarque les détails qui le gênent et en fait un monde. Le bien-être au travail passe par des changements extérieurs mais surtout par un changement de point de vue. Si vous commencez à accepter l’idée que la pensée absolutiste se trompe et vous rend malheureux, vous vous préparez la meilleure des rentrées.

Visualisez si cela vous aide une goutte de vodka tombant dans l’eau à chaque fois qu’un petit souci vous surprend. La pensée absolutiste n’est pas un bon compagnon et elle ne vous fait pas bien évaluer vos collègues et votre environnement. A chaque petit exercice de pensée vodka que vous réussissez, vous avancez vers une vie professionnelle meilleure. Votre entourage vous en saura gré et il aura peut-être lui aussi envie d’envisager la rentrée avec ce nouvel état d’esprit. Les deux esprits sont contagieux au sein d’une équipe ou d’une entreprise.

Je vous avais proposé dans « Tout déprimé est un bien portant qui s’ignore » de tester l’esprit vodka. Celles et ceux qui l’ont essayé n’ont eu qu’à s’en féliciter. La pensée absolutiste va enfin vous aider à supporter les moments de stress ou de découragement. Chacun de nous traîne avec lui une touche de gris ou de blues. La différence tient à la manière dont on vit avec.

Le bien portant ne fait pas disparaître son nuage. Mais il sait que la tristesse ne l’empêchera pas d’éprouver d’autres émotions. Il ne confond pas le petit agacement de la rentrée avec une déprime de l’automne. C’est ce que je vous souhaite. De consommer de l’alcool avec la plus grande des modérations et d’appliquer l’esprit vodka autant que vous en aurez l’occasion...

Professeur Michel Lejoyeux

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10 juillet 2016 7 10 /07 /juillet /2016 15:31

On aura à peu près tout dit sur le Brexit, non seulement avant le référendum du 23 juin mais surtout après, depuis que l'on sait que les Anglais (évitons de généraliser en parlant des "Britanniques" afin de respecter le choix massif des Écossais en faveur du maintien) ont décidé de quitter l'Union Européenne.

Mais une fois l'émotion retombée, il faudra bien commencer à aborder les sujets qui fâchent, car un peuple, même manipulé par des politiciens aux ambitions populistes, ne décide pas de changer son destin de manière aussi brutale sans avoir de vraies raisons de le faire. Des raisons qui devraient inciter les institutions européennes à s'interroger sur leurs responsabilités, à commencer par le mépris avec lequel elles ont traité les inquiétudes des citoyens européens face à un monde croulant sous le poids d'une dette colossale qui ne semble jamais vouloir se résorber.

Ces inquiétudes, certains ont en revanche parfaitement su les exploiter outre-Manche, trouvant dans l'Union Européenne le coupable idéal de tous les maux de la Grande-Bretagne. Et finalement, lepopulisme comme le nationalisme aveugle auront eu raison d'un vieux mariage sans amour qui ne tenait plus que par les concessions que chacun des conjoints avait réussi à obtenir de l'autre. Un populisme dont les principaux instigateurs ont d'ailleurs avoué, dès le lendemain du référendum, qu'il s'était appuyé sur des allégations mensongères.

Néanmoins, l'Union Européenne est tout aussi coupable du Brexit, en raison de la politique du pire qu'elle mène depuis maintenant plusieurs années, notamment en matière financière, en réduisant tous les problèmes sociaux et économiques à de simples équations qu'il suffirait d'ajuster à grands coups deplanche à billets. Déjà en 2011, la monnaie européenne avait eu a souffrir des dérives financières révélées trois ans plus tôt par la crise de 2008, des dérives internationales (mondialisation oblige) dont Londres fut d'ailleurs souvent l'épicentre, ne serait-ce qu'en sa qualité de première place financière européenne (au passage, selon l'agence de notation Standard & Poor's, un cinquième de l'activité bancaire mondiale est réalisée à Londres).

Mais c'est bien l'arrogance de l'administration européenne qui a précipité le départ du Royaume-Uni ; une administration qui ne croyait pas un seul instant que les Anglais oseraient aller au bout de leur fronde et qui a sciemment poussé les marchés à anticiper massivement un maintien dans l'Union européenne durant toute la semaine qui a précédé le référendum. Comme pour rappeler que la démocratie directe, tout aussi symbolique qu'elle puisse être, n'était en réalité rien d'autre qu'un hochet que l'on tend aux peuples pour faire passer leurs caprices. Un dérivatif entretenant l'illusion de cette fameuse « liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes », mais qui ne faisait pas le poids devant le vrai pouvoir, le seul, celui de l'argent.

Sauf que le résultat est là, et non seulement les Anglais ont cassé la machine (à leur grande surprise, d'ailleurs) mais ils ont également réussi à ébranler les fondements-mêmes de l'Europe unie. Et l'une des premières conséquences de ce séisme institutionnel va sans doute se ressentir au niveau de laconfiancedes investisseurs, mais aussi des ménages, à l'égard de l'économie européenne. En effet, l'Europe ressort fragilisée de ce référendum, et la menace plane désormais de prochaines consultations populaires du même genre au sein d'autres pays de l'Union. Autant de raisons de douter de la solidité d'une construction qu'on savait artificielle dès le départ, mais dont on constate désormaisl'incapacité à maintenir simplement son unité ; une instabilité et une incertitude qui rejaillissent tout naturellement sur l'Euro, construction monétaire tout aussi artificielle contre laquelle de plus en plus de voix s'élèvent pour en dénoncer les effets pervers sur l'accroissement des inégalités.

En France, par exemple, un récent sondage OpinionWay/AuCoffre.com montrait que 81% des personnes interrogées considéraient que l'Euro avait contribué à faire baisser leur pouvoir d'achat. Dans les faits, on sait que la réalité mérite d'être nuancée, mais les peuples votent en suivant leurs émotions, pas leur raison. De la même façon, 3 Français sur 5 estiment que l'Euro est avant tout une monnaie créée pour favoriser la spéculation financière, ce qui revient plus ou moins à la rendre responsable de la crise qui mine notre économie depuis huit ans. Enfin, si seuls 32% des personnes interrogées vont jusqu'à souhaiter la mort de l'Euro pour revenir au Franc, ils sont toutefois aussi nombreux à redouter cette issue... tout en restant persuadés que l'Euro est condamné quoi qu'on fasse. Sachant qu'on ne parle pas forcément des mêmes personnes (ceux qui le souhaitent d'une part et ceux qui l'appréhendent d'autre part), il est possible que près d'un Français sur deux ne se fasse plus guère d'illusion quant à l'avenir de l'Euro.

À ce titre, même si elle était attendue, la brusque remontée du cours de l'or ne doit pas être considérée comme un simple jeu de vases communicants entre crise et valeurs refuge, mais plutôt comme le signe que le système monétaire actuel a atteint une certaine limite, tout au moins dans ce que les gens sont prêts à accepter. Une monnaie basée sur la dette peut avoir des avantages, en particulier le déverrouillage de l'économie, qui devient alors celle de tous les possibles, sans plus aucun plafond déterminé par une quelconque contrepartie "physique" à la richesse créée. Mais quand la dette s'emballe, quand la richesse ne sert plus les intérêts des citoyens et contribue au contraire à les appauvrir davantage au profit d'une élite de plus en plus riche qui ne reverse plus rien aux autres strates de la société (merci les paradis fiscaux), alors l'essence même de la monnaie fiduciaire, à savoir la confiance, disparaît. Ainsi le sondage précité montre que 60% des Français voudraient que l'Euro soit garanti par l'or présent dans les coffres des Banques centrales (par exemple la Banque de France) et 36% vont même jusqu'à affirmer que, selon eux, l'or constituerait une meilleure monnaie que l'Euro.

Quoi qu'il en soit, Européens nous sommes et Européens nous devons rester, ne serait-ce que parce que ce beau projet est né de la volonté de ne plus voir de guerres endeuiller le continent européen. Et, en dépit des attaques répétées envers notre unité (que ce soit de la part d'idéologies obscurantistes réfractaires à la modernité, ou au contraire émanant d'autres grandes puissances économiques qui agissent plus subtilement dans le but de conquérir notre marché commun), force est de constater queles nations européennes sont en paix les unes envers les autres depuis plus de 70 ans maintenant, soit la plus longue période de toute l'histoire connue. Rien que cela mérite qu'on fasse l'effort de préserver l'idée d'une Europe unie, d'autant plus que les jeunes générations se retrouvent totalement dans la plupart des valeurs communes d'une construction européenne forte, axée autour de projets ambitieux qui ne se contentent plus de gérer le présent mais préparent aussi l'avenir. Développement durable, économie collaborative, finances éthiques ou encore commerce équitable sont autant d'objectifs aussi nobles que fédérateurs, mais qui ne pourront pas voir le jour sans un environnement politique redevenu aussi respectueux que respectable.

Et il faudra aussi une monnaie forte, c'est-à-dire dans laquelle les gens auront retrouvé la confiance, adossée par exemple à une richesse tangible, perceptible et compréhensible par tout le monde. Mais cette monnaie ne pourra pas tout faire et il faudra peut-être accepter l'idée qu'au-delà de la devise supranationale, on puisse avoir besoin de monnaies complémentaires solides (donc, oublions lebitcoin) afin d'accompagner le développement d'économies locales, sociales et solidaires dont l'émergence aura été favorisée par un projet communautaire ayant enfin renoué le contact avec les peuples.

A lire "L’or, un placement qui (r)assure" : J-F Faure

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17 juin 2016 5 17 /06 /juin /2016 14:11

Pourquoi les syndicats aussi doivent s’ubériser


On m’a "poussé" cet article de Génération Libre rédigé par Delphine Granier Non content d'être fort intéressant, il pose de bonnes questions

Entre syndicats réformistes et syndicats conservateurs, l’abîme se creuse. « Le salariat se transforme en travail indépendant. Il faut que les syndicalistes le regardent en face. (…) Il faut que le syndicalisme trouve sa place. » Ces mots prononcés au micro de France Inter– non par les « freelances » de l’espace de coworking où je travaille – mais par le numéro un de la CFDT, lui-même, posent les termes du débat. Mettre fin aux affrontements et rebâtir, voilà l’urgence.

Mais depuis plusieurs semaines, la CGT, elle, joue au bras-de-fer contre le gouvernement. Blocages, pneus brûlés, assauts sur les raffineries, pression de la rue… le nouveau « Lider Maximo » de la CGT, Philippe Martinez, déploie les grands moyens. Contre le Medef. « Voyou », « diffamation », « terroriste »… comme à Roland Garros, Gattaz et Martinez cognent smatch sur smatch pour remporter le dernier set de la loi Travail.

L’affrontement n’en finit plus. Les acteurs en présence se radicalisent. Nos voisins se moquent de nous. Pour le Financial Times, ce conflit montre les pires aspects de la culture française. Chez nos voisins espagnols, à l’origine de mesures courageuses adoptées en 2012 pour débloquer le marché du travail, El Pais parle du pire mouvement social en France depuis vingt ans pour une réforme « faiblarde ».

« Le-dialogue-social-est-à-bout-de-souffle »

Mettant de côté le débat sur la loi El Khomri – dont il ne reste d’ailleurs plus grand chose – cette loi aura, pour le moins, eu le mérite d’une chose : donner corps et muscle à ce que l’on répète à l’envi depuis des années, « le-dialogue-social-est-à-bout-de-souffle ». Avec seulement 10% des actifs syndiqués et 50% des salariés qui font confiance aux syndicats, le syndicalisme ne convainc plus. À l’heure où le salariat traditionnel se fragilise et les emplois dits « atypiques » se multiplient, le syndicalisme ne concorde plus.

L’aggiornamento syndical doit avoir lieu. Il y a quelques mois, Philippe Martinez, lui-même, rappelait que « le syndicalisme, par essence, est réformiste » (22/09/15, Le Monde). Le moment est venu de joindre le geste à la parole. Si la reconquête des salariés est la première étape, la conquête des nouveaux précaires – ces travailleurs indépendants mais « économiquement dépendants », à la frontière entre salariat et travail indépendant – est le principal défi.

Quel modèle syndical bâtir ? Comment représenter ces « travailleurs à la demande » dans un dialogue social sans réel employeur ? Comment améliorer leur protection sociale en échappant au risque de requalification salariale ? Aujourd’hui, l’ensemble des « travailleurs à la demande », économiquement dépendants des plateformes, n’ont, contrairement aux salariés ou aux indépendants inscrits au RSI, ni chômage, ni retraite, ni mutuelle, ni droit à la formation professionnelle fournis d’office. C’est l’ « économie de la débrouille », le revers de la rutilante médaille du travail indépendant 2.0. Pour y remédier, c’est une équation à deux inconnues qu’il faut résoudre.

Construire un « syndicalisme de services »

D’un côté, le risque de sacrifier l’autonomie sur l’autel de la protection sociale et de retomber dans un schéma salarial. De l’autre, l’opportunité de concilier droits sociaux et travail indépendant « à la demande ». En simplifiant, deux options s’affrontent : attribuer la gestion de ces droits aux plateformes elles-mêmes, avec le risque de requalification salariale que cela comporte. Ou bien construire un « syndicalisme de services » capable d’accompagner ces travailleurs dans leur parcours d’indépendant. Dans un rapport pour le think-tank GenerationLibre, Denis Pennel préconise l’émergence de « coopératives professionnelles » en charge de la formation, la protection et la rémunération de ses membres. Chacun serait – pour garantir la libre concurrence et éviter le retour des anciennes guildes professionnelles asservissantes – libre de changer de coopérative quand bon lui semble.

Entre salariat et nouveau mutualisme, au syndicalisme de trouver sa place. Et vite, car comme toujours, David joue contre Goliath. Comme les mastodontes du CAC 40 doivent faire face à l’irruption des startups, les centrales syndicales ne sont pas à l’abri de la concurrence sur le créneau des services aux indépendants. La jeune start-up WeMind, par exemple, a déjà une longueur d’avance en proposant aux « freelances » les services qu’ils auraient s’ils étaient salariés, de l’accompagnement dans le choix de mutuelle à la mise à disposition d’un « premier comité d’entreprise pour les freelances ». Mais côté syndicats, le mouvement aussi est lancé.

À la CFDT, la F3C sonne comme un nom de code. Poisson-pilote de ce nouveau « syndicalisme de services », la Fédération Communication Conseil Culture s’active et part, à coup de « Meet Up », de « barcamp », et d’incursions dans les espaces de « coworking », à l’assaut des travailleurs du numérique. Aux États-Unis, la « Freelancers Union », qui représente les travailleurs indépendants et défend leurs intérêts, a même signé un accord avec Uber pour garantir à tous les chauffeurs un filet de sécurité sociale : la « Guilde des Chauffeurs Indépendants » travaillera de concert avec la société de VTC pour négocier aux chauffeurs des avantages sociaux.

Le syndicalisme des plateformes est en marche. Et tout comme le syndicalisme moderne est né d’une série de révoltes, suivie d’un long combat pour obtenir sa reconnaissance et d’une période d’organisation, le schéma se répète. Comme les ouvriers « luddites » du XIXe, les acteurs traditionnels aujourd’hui victimes des plateformes se rebellent. Comme les machines-outils ont inauguré l’ère industrielle et salariale, la Fintech, Uber, Airbnb et compères ouvrent l’ère du travail indépendant des plateformes. Et la conquête de droits nouveaux émerge.

En début de semaine, la CGT a reconnu chez le gouvernement « une volonté de dialoguer » et laisse entrevoir l’espoir d’une fin de conflit. La CGT amorcerait-elle un virage réformiste, consciente des enjeux liés aux nouvelles formes de travail ? Il en serait bien temps de la part d’un syndicat, traditionnellement du côté du travail indépendant, qui attendit 1995 pour retirer de ses statuts la référence à la suppression du salariat !


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15 juin 2016 3 15 /06 /juin /2016 08:34

La loi portée par Michel Sapin, surnommée Sapin 2, mais réellement intitulée loi relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique, constitue un nouveau monument d’anthologie dans le combat que le gouvernement profond entreprend pour garder le contrôle de la situation. Le texte foisonne et méritait bien un petit résumé assorti de commentaires.

Sapin 2 crée un nouveau comité théodule

L’article 1 prévoit:

L’Agence française anticorruption est un service à compétence nationale, placé auprès du ministre de la justice et du ministre chargé du budget, ayant pour missions de prévenir les faits de corruption, de trafic d’influence, de concussion, de prise illégale d’intérêt, de détournement de fonds publics et de favoritisme et d’aider à leur détection par les autorités compétentes et les personnes qui y sont confrontées.

Chic, un nouveau fromage pour placer des copains à l’aube d’une probable déculottée électorale. La ficelle permet de recaser un (ou plusieurs) protégés à l’approche de l’alternance.

L’article 2 prévoit d’ailleurs que l’agence soit « dirigée par un magistrat hors hiérarchie de l’ordre judiciaire nommé par décret du Président de la République pour une durée de six ans non renouvelable. Il ne peut être mis fin à ses fonctions que sur sa demande ou en cas d’empêchement. » Le gars nommé en 2016 est assuré d’être encore là en 2022!

Sapin 2 tue les lanceurs d’alerte

L’article 6 du texte attaque les choses sérieuses et entreprend de clouer le bec, une bonne fois pour toutes, à ces fichus lanceurs d’alerte qui risquent de mettre en échec des projets illégaux. Bien entendu, ces restrictions sont posées au nom de la protection des impétrants. La définition du lanceur d’alerte montre bien l’étendue des dégâts:

Un lanceur d’alerte est une personne qui révèle, dans l’intérêt général et de bonne foi, un crime ou un délit, un manquement grave à la loi ou au règlement, ou des faits présentant des risques ou des préjudices graves pour l’environnement ou pour la santé ou la sécurité publiques, ou témoigne de tels agissements. Il exerce son droit d’alerte sans espoir d’avantage propre ni volonté de nuire à autrui. L’alerte ne saurait révéler quelque élément que ce soit relevant du secret de la défense nationale, du secret médical ou du secret des relations entre un avocat et son client.

Traduction: le lancement d’alerte sera limité aux questions d’environnement, de santé et de sécurité publique, à l’exclusion de tous les autres sujets. En particulier, les sujets de défense nationale seront proscrits. En outre, le lanceur d’alerte devra prouver son absence de volonté de nuire à autrui.

Voilà qui en va en calmer plus d’un. En tout cas, tous ceux qui voudront révéler des secrets sur l’évasion fiscale par les banques en seront pour leur grade…

Bravo Michel, tu as bien fait le boulot!

Sapin 2 protège les petits secrets des banques

Pour les questions de lancement d’alertes dans la banque et la finance, la loi Sapin 2 prévoit un dispositif spécial qui fait rire tout le monde (article 7):

L’Autorité des marchés financiers et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution mettent en place des procédures permettant que leur soit signalé tout manquement

Rappelons juste que l’Autorité des Marchés Financiers est présidée par l’énarque Gérard Rameix, ancien de la banque d’affaires Hottinguer, et ancien gérant de fonds. L’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution est présidée par le gouverneur de la banque de France, François Villeroy de Galhau, ancien directeur général délégué de la BNP.

On se doute que tout ce petit monde concoctera des « procédures » particulièrement agréables et protectrices pour les lanceurs d’alerte.

Sapin 2 à reculons sur la lutte contre la corruption

On trouvera le même entrain juridique pour lutter contre la corruption. Le passage qui y est consacré dans la loi est très long, très technique, et très verbeux. Il repose sur cette seule phrase fondamentale:

Les présidents, les directeurs généraux et les gérants d’une société employant au moins cinq cents salariés, ou appartenant à un groupe de sociétés dont l’effectif comprend au moins cinq cents salariés, et dont le chiffre d’affaires ou le chiffre d’affaires consolidé est supérieur à 100 millions d’euros sont tenus de prendre les mesures destinées à prévenir et à détecter la commission, en France ou à l’étranger, de faits de corruption ou de trafic d’influence selon les modalités prévues au II.

Si ce sont les dirigeants de société qui doivent lutter contre la corruption dont leur société pourrait être l’auteur… Tout est dit!

Sapin 2 et la comédie du lobbying

On s’amuse par avance de l’intention affichée (sur laquelle je reviendrai dans de futurs articles) par la loi Sapin 2 de moraliser le métier de lobbyiste. Comme si le plus grand lobbyiste de France n’était pas François Hollande lui-même (et Michel Sapin en second), qui multiplie les réglementations favorables à ses intérêts et à ceux de ses amis. Bref, tous ceux dont le métier est d’influencer la décision publique pour le compte de tiers devront maintenant respecter des règles contraignantes, soumise à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique.

Le texte a explicitement listé les gens qui ne pouvaient être considérés comme lobbyistes:

« Ne sont pas des représentants d’intérêts au sens du présent article :

« a) Les élus, dans le strict exercice de leur mandat ;

« b) Les partis et groupements politiques, dans le cadre de leur mission prévue à l’article 4 de la Constitution ;

« c) Les organisations syndicales de salariés et les organisations professionnelles d’employeurs en tant qu’acteurs du dialogue social, au sens de l’article L. 1 du code du travail ;

« d) Les associations à objet cultuel, dans leurs relations avec le ministre et les services ministériels chargés des cultes.

On notera que les élus peuvent être considérés comme lobbyistes pour des faits qui ne seraient pas liés au « strict exercice de leur mandat ».

Et quand Serge Dassault appelle un ministre ou le Président pour parler politique et vente de Rafale, c’est du lobbying ou pas?

Tartufferie! tartufferie! mais j’y reviendrai.

Sapin 2 veut saper le Front National

Sapin prépare activement 2017, et la suite. Il fait ajouter une disposition sur la publication des comptes de campagne (article 14 bis A du texte):

« Les partis ou groupements transmettent également, dans les annexes de ces comptes, les montants et les conditions d’octroi des emprunts souscrits ou consentis par eux, ainsi que l’identité des prêteurs, les flux financiers entre partis et entre les partis et les candidats soumis aux exigences prévues à l’article L. 52-12 du code électoral. Lors de la publication des comptes, la commission indique les montants consolidés des emprunts souscrits ventilés par catégories de prêteurs, types de prêts et par pays d’origine des prêteurs, ainsi que l’identité des différents prêteurs personnes morales, les flux financiers nets entre partis et entre les partis et les candidats. »

Même les emprunts russes?

Sapin 2 et le lobbying financier

Alors que le texte s’appesantit lourdement sur un durcissement du code des marchés publics, il renvoie (article 17)… aux ordonnances (donc aux fonctionnaires de Bercy qui rêvent d’être recrutés par les banques qu’ils encadrent juridiquement) le soin de transposer les directives européennes en matière d’abus de marché, c’est-à-dire de corruption financière. N’est-ce pas amusant? Mais, bien entendu, les élus ne sont pas des lobbyistes…

Sapin 2 met sous surveillance les concurrents des banques

Sous couvert de protéger le consommateur, notre bon Michel place les traders sur Internet sous une surveillance étroite. On a bien compris l’enjeu: il s’agit, ni plus ni moins, d’empêcher les concurrents des banques de prospérer sur le marché de l’investissement et du trading. L’article 19 élargit donc les pouvoirs de l’autorité des marchés financiers:

« Elle veille à la régularité des offres au public de parts sociales mentionnées au quatrième alinéa de l’article L. 512-1 du présent code ou des offres au public de certificats mutualistes mentionnées au premier alinéa du II de l’article L. 322-26-8 du code des assurances. »

Sapin 2, ou dix-huit mois pour respecter les décisions du Conseil Constitutionnel

L’article 21 de la loi intègre aux règles applicables à l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution une décision rendue, dans le cadre d’une question prioritaire de constitutionnalité, par le Conseil Constitutionnel sur l’indemnisation des détenteurs de portefeuilles transférés d’office.

Cette mesure technique n’est pas inintéressante, puisqu’elle limite le pouvoir arbitraire de l’ACPR… et elle est prise à reculons.

Sapin 2, le lobbyiste de la mutualité

Evidemment, le ministre Sapin n’a rien à voir avec le lobbying. C’est pourquoi il n’hésite pas à présenter plusieurs mesures extravagantes en faveur des mutuelles, qui seront, comme il se doit, prises par ordonnances:

Dans les conditions prévues par l’article 38 de la Constitution, le Gouvernement est autorisé à prendre par ordonnance, dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, toute mesure relevant du domaine de la loi: (…)

Complétant le régime juridique des mutuelles et unions relevant du livre III du code de la mutualité en permettant :

a) D’élargir leur champ d’activité à des activités sportives et de pompes funèbres ;

b) De modifier la composition des unions mentionnées à l’article L. 111-4-3 du code de la mutualité pour y inclure les sociétés commerciales mentionnées au 2° du II de l’article 1er de la loi n° 2014-856 du 31 juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire ;

C’est bien connu, une mutuelle, c’est la même chose qu’un club de football, et ça peut même enterrer les morts. Mais bien entendu, cette innovation législative n’a rien à voir avec du lobbying…

Sapin 2, le lobbyiste de Groupama

Après avoir servi les mutuelles (par des ordonnances), la loi Sapin 2 s’occupe aussi de Groupama, qui devient (article 22 bis) un « organe central du réseau composé par les sociétés ou caisses d’assurances et de réassurances mutuelles agricoles est une caisse de réassurances mutuelle agricole à compétence nationale. » Cette transformation met le doigt dans une prise de distance avec les principes mutualistes:

Par dérogation à l’article L. 322-26-2, le conseil d’administration de l’organe central mentionné au premier alinéa du présent article comprend, outre les administrateurs représentant les caisses d’assurances et de réassurances mutuelles agricoles adhérentes et ceux élus par le personnel salarié, des administrateurs élus par l’assemblée générale, sur proposition du conseil d’administration.

Le conseil d’administration de Groupama pourra donc choisir des administrateurs (élus en assemblée générale) hors du monde mutualiste…

Sapin 2 et le lobby bancaire sur l’assurance emprunteur

Autre coup fumant préparé par Sapin 2: le lobby bancaire a obtenu le recours (encore une fois!) aux ordonnances sur le crédit immobilier. Cette nouvelle intervention du législateur sur un sujet très juteux pour les banques devrait cette fois concerner la vente liée d’un crédit immobilier et de l’ouverture d’un compte dans la banque prêteuse. En principe, subordonner l’un à l’autre est interdit, mais la loi formule ainsi l’objet de l’ordonnance:

le Gouvernement est habilité à prendre par ordonnance, dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, toute mesure relevant du domaine de la loi permettant d’encadrer, dans le respect de l’article L. 312-1-2 du code monétaire et financier, les conditions dans lesquelles la souscription d’un contrat de crédit immobilier par un consommateur ainsi que le niveau de son taux d’intérêt peuvent être associés à l’ouverture d’un compte de dépôt et à la domiciliation de ses revenus quelle que soit leur nature ou leur origine, pendant la durée du crédit.

Voilà qui est clair: le gouvernement préservera une pratique bancaire abusive…

Sapin 2 et la mode de l’économie sociale et solidaire

Autre cadeau fait aux banques par Michel Sapin (qui n’est toujours pas un lobbyiste, selon la définition de sa propre loi): la possibilité pour ceux qui distribuent des livrets durables et solidaires d’ouvrir un compartiment de financement en faveur de l’économie sociale et solidaire. Dans la pratique, les clients pourront donner une partie de leurs avoirs à ces entreprises.

Dans l’absolu, rappelons que le Crédit Agricole pourrait ainsi bénéficier de dons gratuits de la part de ses clients. On rêve!

Sapin 2 et les fonds de pension à la française

Parallèlement, Sapin décide d’élargir, avec son article 33, les formes de retraite supplémentaire (nom pudique de la retraite chapeau) en agissant là encore par ordonnance. Ces fonds, qui bénéficieront d’un régime prudentiel allégé par rapport à la directive Solvabilité 2, seront nourris par le transfert de portefeuilles soumis aujourd’hui à Solvabilité 2. Le cadeau est important puisque la mesure permet de diminuer sensiblement le niveau de fonds propres exigible des assureurs.

On notera que Sapin fait un autre cadeau discret à ses amis: il encadre fortement (article 33 bis) les possibilités de rachat de comptes de d’épargne retraite populaire (PERP) qui menacent ruine depuis la baisse des taux. Pour l’information du public, il n’est pas inutile de rappeler que le plus gros opérateur d’épargne retraite aujourd’hui n’est autre qu’une filiale commune entre AG2R (dirigée par un ancien du cabinet Beregovoy) et la Caisse des Dépôts et Consignations.

Mais Michel Sapin n’est toujours pas un lobbyiste…

Sapin 2 et l’artisanat

Contrairement à ce qui a été largement répété dans les médias, l’article 43 réduit la déréglementation de certains métiers à la portion congrue. Il vaut donc mieux parler ici de mesures protectrices plutôt que l’inverse.

Au demeurant, l’article 54 octies « re-réglemente » une profession: celle de courtier en vin… Allez comprendre!

Sapin 2 fait un autre cadeau aux assureurs

L’article 50 de la loi prévoit une… ordonnance sur la réforme du Fonds de Garanties des Assurances obligatoires. Cette réforme devrait probablement supprimer la contribution des compagnies d’assurance aux Fonds…

Sapin 2 limite les dégâts sur la rémunération des patrons

La loi Sapin, dans son article 54 bis, prend une mesure très modérée sur la rémunération des mandataires sociaux dans les entreprises cotées sur les marchés réglementés (ce qui représente une part très limitée des entreprises, rappelons-le): elle oblige le conseil d’administration à obtenir l’approbation de l’assemblée générale sur les éléments de rémunération.

Cette position est sans surprise.

Une loi démocratique ???

Précisons que cette loi touffue, multiforme, hétéroclite, qui renvoie directement aux ordonnances est tout sauf compréhensible par les citoyens.

Une bien étrange conception de la démocratie… où les décisions apparentes obéissent à des motifs profonds qui ne sont exposés nulle part. Un triomphe du lobbying exercé par le gouvernement profond, en quelque sorte.

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18 avril 2016 1 18 /04 /avril /2016 10:38

Ça va mieux ? Non, mais surtout ne changeons rien !

Jeudi 14 avril dernier, le Président de la République a tenté de partir à la « reconquête » des Français dans la nouvelle émission de France 2 Dialogues citoyens et il leur a dit : « Ça va mieux. » Quelques heures auparavant, Julien Dray, député de l’Essone et membre du Bureau national du Parti socialiste, préparait le terrain en assurant sur la chaîne parlementaire LCP que grâce à ses mesures clairvoyantes, le gouvernement « est en train de réussir économiquement. » D’après lui, la France bénéficierait même de « résultats macro-économiques remarquables. » Seul petit problème, « visiblement, personne ne s’en rend compte. »

Son collègue Cambadélis, premier secrétaire du PS, a la solution : il y a des résultats, mais il faut procéder à quelques ajustements mineurs d’ordre communicationnel. « Le temps de la pédagogie est arrivé » a-t-il déclaré. Hélas pour le PS, les Français ne semblent plus guère décidés à écouter sagement le Professeur Hollande.

On peut créditer Julien Dray d’une bonne analyse sur au moins un point : à supposer qu’il y ait quelque chose de positif à voir, les Français ne s’en rendent très visiblement pas compte. Il n’est que de considérer le dernier sondage de popularité disponible, réalisé par l’institut Yougov pour le Huffington Post les 30 et 31 mars derniers. La cote globale du gouvernement atteint son plus faible score jamais enregistré dans ce baromètre, soit 12 %. François Hollande tombe à 13 % d’opinions favorables et le Premier ministre Manuel Valls atterrit à 20 %. Ce dernier garde cependant la majorité chez les sympathisants PS-EELV, ce qui n’est plus du tout le cas du chef de l’État. Cruel désaveu pour la méthode Hollande.

De fait, au sein de l’exécutif, la situation de François Hollande est particulièrement douloureuse. C’est assez logique dans la mesure où il est à la tête du pays et où le changement de majorité survenu en 2012 s’est fait sur son nom, sa personnalité, son programme et ses promesses. Interrogés par l’institut de sondages Odoxa quelques jours avant sa prestation sur France 2, les Français sont 71 % à déclarer ne pas être intéressés par cette émission, 76 % pensent que François Hollande devrait renoncer à se représenter en 2017 (pour laisser la place à un meilleur candidat socialiste, ce qui en dit quand même long sur la sympathie viscérale pour le socialisme), 83 % pensent qu’il ne réformera plus et 53 % prédisent même qu’il ne s’engagera dorénavant que dans des mesures électoralistes.

Même Sarkozy n’a jamais fait l’objet d’une telle déconsidération empreinte d’une sorte d’indifférence teintée de mépris agacé. Dans ces conditions de rejet qu’aucun autre Président de la Vème République n’a jamais expérimentées, on comprend que le terme « reconquête » vienne spontanément à l’esprit des observateurs de notre vie politique. Certains n’ont pas manqué de remarquer que le format de l’émission de France 2, comme les quatre membres de la société civile conviés spécialement pour faire remonter leurs préoccupations, avaient été taillés sur mesure afin de lui permettre de retrouver à coup sûr le coeur des Français. Au lieu de quoi nous avons eu droit à l’ennui de plus en plus tenace que le radotage compulsif du Président ne manque pas de générer à chaque nouvelle prise de parole.

À le croire, la France expérimente avec bonheur un contexte économique porteur dans lequel il y a « plus de croissance, moins de déficits, moins d’impôts et plus de compétitivité. » Quant au chômage, dont la fameuse inversion de la courbe reste d’actualité pour son avenir politique, il est sans doute plus élevé qu’en 2012, mais finalement, vu dans l’ensemble européen, on aurait tout lieu de se réjouir :

N’en déplaise à MM. Dray et Cambadélis, si les Français s’obstinent à ne rien discerner de positif dans les accomplissements du gouvernement, c’est peut-être tout simplement parce qu’il n’y a justement rien à voir. Du Monde à Metronews en passant par Le Figaro, la presse s’est largement fait l’écho des petits arrangements avec la réalité auxquels le Président, précédé de ses thuriféraires, s’est livré sans vergogne jeudi soir. Pour reprendre une expression fréquemment utilisée par les anglo-saxons, François Hollande s’est montré « économe avec la vérité », mais c’est bien le seul domaine où l’on pourra le taxer de parcimonie.

Non, M. Hollande, le chômage que nous connaissons n’a rien à voir avec ce qu’il devrait être dans un pays européen comme le nôtre. Non seulement il a énormément augmenté depuis 2012 alors que la crise de 2008 commence à s’éloigner, mais les comparaisons dans l’Union européenne sont loin d’être flatteuses. Si, avec plus d’à propos, on s’en tient à nos voisins anglais et allemands, dont l’économie est d’une taille comparable à la nôtre, nous sommes purement et simplement au double d’eux (5 % environ au Royaume-Uni et en Allemagne contre 10 % en France). Rappelons que la France avec son outre-mer comptait 4,6 millions de chômeurs en catégories A, B et C en mai 2012, et que ce chiffre est maintenant de 5,8 millions à fin février 2016. Rappelons également que le taux de chômage des jeunes est de 25,9 % contre une moyenne de 19,7 % dans l’UE et 22 % pour la zone euro seule.

Non, M. Hollande, les comptes publics ne prêtent nullement à la gloriole. Si le déficit public creusé en 2015 est légèrement inférieur à celui de 2014, il ne faut y voir que le jeu des taux d’intérêt maintenus bas par la BCE et les prix du pétrole en baisse, toutes situations qui ne doivent rien à la lucidité de vos politiques publiques. Ces dernières, élaguées de l’effet taux d’intérêt et de l’effet prix du pétrole, se sont au contraire vautrées comme d’habitude dans la croissance des dépenses, des impôts et des cotisations sociales. Vu le niveau de la dette publique, qui augmente toujours, vu la faible croissance de l’activité et la faible confiance en l’avenir des agents économiques, la remontée des taux ainsi que celle des prix du pétrole seraient simplement catastrophiques pour notre économie.

François Hollande n’a jamais parlé plus justement que quand il s’est objecté à lui-même par pure rhétorique :

« Quand le Président dit que ça va mieux quand il y a tant de difficultés, on se demande s’il voit bien, s’il écoute bien, s’il a bien pris conscience des réalités. » Dialogues Citoyens, le 14 avril 2016, France 2.

À ce stade, on comprend même les yeux fermés que si personne ne se rend compte des bons résultats de la politique de François Hollande, c’est uniquement parce que ces résultats n’existent que dans la propagande gouvernementale, laquelle est totalement dépendante de la trouille électorale qui commence à saisir les socialistes aux tripes. Méthode Hollande ou pas, cela ne marche pas.

Prenons Anne Hidalgo, par exemple. Une socialiste en bonne et due forme, quoique un peu frondeuse, au moins par alliance (son mari est le député des Hauts-de-Seine Jean-Marc Germain, membre des Frondeurs). Eh bien Anne Hidalgo est terriblement inquiète et a fait part de ses émotions à VSD, repris par Le Figaro :

« L’échéance 2017 sera difficile pour ma famille politique parce qu’on ne peut pas dire qu’on a démontré une grande efficacité dans les réalisations et on a un peu tourné le dos aux engagements. »

Voilà qui est parler clair et sans chichis, quoique de façon un peu trop portée sur la litote. La grande efficacité qu’on n’a pas démontrée est en fait un goût prononcé pour la faillite, tandis que les engagements auxquels on a un peu tourné le dos ne sont rien d’autres que des promesses de campagne qui n’engagent que ceux qui les croient. Toujours est-il que pour Anne Hidalgo, la grande erreur du gouvernement tient à ce qu’il s’est montré :

« conservateur sur les questions de société et ultra-libéral sur les questions économiques. »

Comme quoi, des goûts et des couleurs politiques ! Parce que si je devais résumer l’action du gouvernement en m’en tenant aux réalisations actées dans les livres et les chiffres, je dirais 1. qu’il a légalisé le mariage homosexuel, ce qui n’est pas particulièrement conservateur sur le plan sociétal, et 2. que la part du public dans le PIB atteint 57 %, ce qui éloigne à jamais la France de tout libéralisme, même ultra-mini.

La vie politique française est entièrement faite de ces semi-lucidités contradictoires, qui n’épargnent ni les hommes politiques ni les citoyens. J’en arrive ainsi à ce que souhaiteraient les Français pour 2017. Bien formatés par la propagande marxiste qui sévit chez nous depuis l’après-guerre, bien convaincus par les cadres collectivistes qui marquent notre politique économique depuis la même époque, et complètement accros à l’État-providence qui scella l’indispensable union nationale consécutive à la victoire sur l’Allemagne nazie, ils restent pour la plupart convaincus qu’un socialiste, par construction, est un être hautement moral doublé d’un gentil et triplé d’un généreux.

Les autres, ceux qui se disent de droite, s’alarment en plus de la façon dont les socialistes conçoivent leur « déficit » de politique sociétale. Mais tous, des notaires à la syndicaliste recalée de l’émission Dialogues citoyens, partagent le goût national pour la « protection » de l’État, depuis la réussite garantie au Bac jusqu’à la couverture sociale des actifs et la retraite, jusqu’à, pourquoi pas, des revenus minimum universels garantis, en passant par les politiques de santé et les recommandations diététiques.

C’est ainsi que nos candidats présidentiels, déclarés ou pas, de gauche ou de droite, Hollande ou Juppé, nous le promettent tous : on va réformer, mais sans remettre en cause notre modèle social et notre service public. Eh bien ça, mes amis, ce n’est pas possible, tout simplement parce que c’est le poids toujours croissant de l’État qui nous empêche de réformer, qui creuse jour après jour le chômage et plombe la croissance.

Cet empêchement prend deux formes. La première est directe : tout l’argent consacré à la survie de l’État-providence et à l’embauche de fonctionnaires, argent qui vient des cotisations sociales et des impôts, est autant de moins pour l’investissement privé seul à même de générer la valeur ajoutée qui entraînerait de la croissance, des revenus supplémentaires et des emplois supplémentaires. La seconde est indirecte mais terriblement pernicieuse car elle est philosophique : chaque jour qui passe renforce l’idée que cet État-providence est un acquis éternel, chaque homme politique qui répète sans la moindre remise en cause qu’il n’est pas question d’y toucher accrédite l’idée que ça vaut le coup de le garder en l’état, que ça vaut le coup de se battre pour en conserver tous les éléments.

Vu comme cela, de Juppé à Hollande et de Hollande à Mélenchon, les manifestations contre la loi Travail ou la Loi Macron, aussi minuscules et aussi faiblement libérales soient ces lois, ne sont jamais que l’expression populaire de cette mortifère idée répétée en boucle sur tout l’échiquier politique de ne pas toucher à notre modèle social, que le monde entier nous envie sans avoir jamais tenté de le mettre en place.

À peine vocalisées, à seule fin d’afficher un réformisme de façade pour quelques bénéfices à court terme vis-à-vis de l’Union européenne, les lois libéralisantes sont proprement évidées et la promesse de ne toucher à rien est promptement remise sur le devant de la scène, au grand soulagement de presque tout le monde. « La France est irréformable » entend-on soupirer de-ci, de-là. Il est d’autant plus facile de soupirer d’un air faussement entendu, qu’on est sûr que rien, absolument rien ne se passera, jusqu’à ce qu’une vraie catastrophe (remontée des taux, par exemple) ne nous laisse plus aucun choix.

Nathalie MP.

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