Nous sommes en train de vivre La fin des paysans, titre d’un livre d’Henri Mandras en 1967. Ils représentaient alors un tiers de la population active. Ils sont à peine 2% aujourd’hui. Il y en avait encore un million en 1988. Selon la FNSEA il ne resterait plus que 341 000 exploitations professionnelles. Mais si l’on applique des critères réalistes, par exemple un revenu moyen par actif correspondant au SMIC, il en reste probablement moins de 250 000.
Les revenus de nos paysans ont baissé de 26% en 2016. Un sur deux gagne aujourd’hui moins de 354 euros par mois ! Tous les trois jours un paysan se suicide. Ils croulent sous la paperasserie et des normes débiles.
C’est ainsi que nos viticulteurs sont talonnés par une « Brigade de la végétation concurrentielle » qui mesure la hauteur des herbes entre les rangs de vignes, comme le révèle Isabelle Saporta dans son livre intitulé Foutez nous la paix1. Pour éviter d’être mis à l’amende, ils utilisent encore plus de désherbants chimiques qui tuent nos abeilles.
LIMITER LA RÈGLEMENTATION
Toujours plus de réglementations, de papiers, d’inspecteurs dans nos campagnes pour dresser procès-verbal et mettre à l’amende des paysans de moins en moins nombreux.
Emmanuel Macron en campagne à promis de leur accorder le droit à l’erreur, la possibilitéquand on est contrôlé pour la première fois et qu’on a commis une infraction qui n’est pas pénale, de ne pas avoir une administration qui sanctionne mais qui corrige et conseille.
Dans un sondage auprès de huit mille agriculteurs français, neuf sur dix répondent que ce ne sont ni les charges de travail, ni les incertitudes climatiques ou économiques qui les découragent ; mais la paperasserie qui leur est imposée, à laquelle ils disent passer un tiers de leur temps. Tandis que leur nombre diminue, augmente celui des fonctionnaires gérant un maquis réglementaire de plus de trois cents subventions.
LE RÔLE DE LA PAC
La Politique agricole commune (PAC), décidée par un Conseil européen du 14 janvier 1962, créa un marché commun agricole garantissant un prix minimal au dessus des cours mondiaux. Douze ans plus tard la production agricole avait doublé et le nombre d’agriculteurs avait diminué de moitié, passant de 6 à 3 millions d’actifs.
Entre 1962 et 1973 notre agriculture a produit deux fois plus par hectare, mais consommé trois fois plus d’énergie fossile et fait monter les émissions de gaz à effet de serre.
Système de normes imposées et de subventions, la PAC est fondée sur deux principes mortels : le protectionnisme et des subventions scandaleusement inégalitaires. Elle fait monter les prix des aliments et étouffe la liberté d’entreprendre et celle des marchés, contredisant ainsi les principes mêmes de la construction européenne.
Sous prétexte d’assurer la survie de nos paysans on bafoue leur liberté de produire, et aussi la liberté des consommateurs d’acheter au meilleur prix. Résultat : baisse du niveau de vie de tous.
L’OCCASION HISTORIQUE MANQUÉE
Malheureusement, M. Chirac, sous prétexte de défendre nos agriculteurs, a laissé passer une occasion historique et fait pression pour maintenir la PAC jusqu’en 2013, au grand dam de Tony Blair, alors premier ministre britannique, et de Peter Mandelson, alors commissaire européen chargé des négociations.
C’est en réaction que les grands pays émergents se sont alors durcis et regroupés pour ne plus risquer d’être pareillement bousculés à l’avenir par un seul pays riche. Ils refuseraient dorénavant toute concession, tant que les pays industrialisés n’auraient pas accepté de s’ouvrir à leurs produits agricoles.
Notre refus s’est retourné contre nous et a abouti à l’échec du Cycle de Doha, échec où tout le monde est perdant, et surtout nous.
DÉCLIN DE L’AGRICULTURE EUROPÉENNE
La PAC est un échec, puisque le déficit alimentaire européen a doublé en dix ans. L’agriculture européenne perd des parts de marché dans le monde et les importations progressent plus que les exportations.
Jusque-là le soutien artificiel des prix supposait une politique commune ; mais ce n’est plus le cas. Chaque gouvernement peut désormais aider directement ses agriculteurs.
Avec l’Europe à 27, la France est devenue contributeur net pour financer les pays d’Europe orientale, souvent pour des terres non agricoles, ou des bénéficiaires n’exerçant aucune activité agricole, selon la Cour des Comptes européenne3.
LA PAC ENCOURAGE LA CHASSE AUX SUBVENTIONS
Chaque année naissent 130 millions de bouches à nourrir supplémentaires, et il est naturel que le prix des aliments flambent. Pourtant, si le revenu des céréaliers augmente, celui de nos agriculteurs et éleveurs diminue.
Car ce n’est pas la production et la compétitivité qu’encourage la PAC, mais la chasse aux subventions. 40 000 hectares de vignes ont été arrachés en échange de subventions. A ce rythme, d’exportateur d’aliments la France va devenir importateur net.
C’est de manière étatique, protectionniste et corporatiste que nous appliquons la PAC, contrairement aux Britanniques et Allemands qui laissent beaucoup plus de libertés aux producteurs et consommateurs. L’Allemagne nous dépasse désormais pour le volume des exportations agro-alimentaires.
ARGENT GASPILLÉ
Pourtant en moyenne les pensions agricoles ne sont que de 736 euros par mois en 2017. Pour une épouse, seulement 450 €. Bien en dessous des 840 € du seuil de pauvreté. Beaucoup de conjoints ayant travaillé sans rémunération, et n’ayant donc pas cotisé, ne reçoivent aucune retraite.
Les surcoûts et subventions occasionnés par la PAC sont gaspillés. Loin de favoriser la survie des fermes familiales, l’argent va à des gens qui n’en ont nul besoin. Les 3 premiers bénéficiaires, dont les noms ont été révélés pour la première fois le 4 mai 2012, ne sont même pas agriculteurs.
Le premier est le volailler Doux, avec 55 millions. Ce qui n’a pas empêché sa faillite. Le second est le Comité régional de reconversion du vignoble de Languedoc-Roussillon (32,4 millions), suivi de la Sucrière de la Réunion (31 millions). Malheureusement, désormais, sous prétexte du respect de la vie privée, on cache les noms des bénéficiaires.
UNE POLITIQUE INÉGALITAIRE QU’ON CHERCHE À CACHER
Dans la dernière liste on trouvait ceux de Rothschild, de Dassault et du prince de Monaco, qui a des terres dans l’Aisne. Peut-on imaginer politique plus inégalitaire ? On comprend qu’on veuille la cacher.
Il est des dépenses publiques bénéfiques, mais ce n’est pas le cas de la PAC dont les principaux bénéficiaires ne sont ni agriculteurs ni éleveurs. Protectionnisme destructeur, qui augmente le coût de notre nourriture, ampute notre niveau de vie et coûte chaque année au contribuable au moins 33 milliards de subventions, auxquels s’ajoutent les surprix payés par tous, de l’ordre de 100 milliards.
En effet nous payons deux fois, comme contribuables et comme consommateurs, aux dépens du niveau de vie de tous. Selon Eurostat, les produits alimentaires sont en France 10% plus chers que la moyenne européenne.
Mais, même si nous sommes les champions des surprix, c’est aussi toute l’Europe qui les paie, surprix dépendant des tarifs douaniers (entre 18 et 28%) et surtout de multiples interdictions et obstacles non tarifaires créant la rareté et donc la cherté des aliments.
DES DIRECTIVES ÉCOLOGIQUES SIMPLES
Point ne serait besoin de régulations détaillées et tatillonne, mais de directives écologiques simples : débroussaillage, prévention des incendies de forêt, économie d’eau, limitation des engrais chimiques, des pesticides et de la pollution des nappes phréatiques.
Le gouvernement qui supprimera les obstacles à la libre circulation de nos aliments, les contributions volontaires obligatoires, ainsi que les actuels 300 types de subventions, pour les remplacer par une allocation unique – la même pour tous et réservée aux seuls vrais paysans – gagnera leur reconnaissance, repeuplera nos campagnes, nous économisera chaque année au moins 33 milliards de subventions et 100 milliards de surprix, ce qui augmentera considérablement notre niveau de vie et permettra de commencer enfin à nous désendetter.
ATTENTION À LA DETTE
N’oublions pas que nous continuons chaque année, depuis 1974, à augmenter notre dette publique qui dépasse désormais notre PIB. Depuis 2014, nous avons dépassé le Danemark pour devenir le numéro 1 mondial de la dépense publique, si l’on excepte la Corée du Nord et Cuba ! Nous n’avons pas d’autre choix que de faire des économies.
- pouvons le faire d’une manière simple et égalitaire, en sauvant nos paysans tout en augmentant le niveau de vie de tous. Osons ! Nous repeuplerons nos campagne et serons tous plus riches. Notre environnement en profitera aussi, et nous sauverons nos abeilles.
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