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  • : Le blog de Jean-Loup
  • : Engagé, depuis plusieurs décennies dans une démarche visant à lutter contre tous les processus d'exclusion, de discrimination et de ségrégation socio-urbaine, je suis persuadé que si nous voulons « construire » une société reposant sur un véritable Vivre Ensemble. Il nous faut savoir, donner du sens au sens, prendre le temps de la concertation et faire des propositions en adéquation avec les besoins de nos concitoyens.
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19 novembre 2015 4 19 /11 /novembre /2015 17:12

La guerre !

Depuis plusieurs années, beaucoup s’attendaient à une implosion de la société française. Ce lent déclin, ce blocage systématique face à l’histoire, ne pouvait pas durer. Qui pouvait imaginer que le basculement viendrait à la fois de l’intérieur et de l’extérieur, de l’État Islamique au Moyen-Orient et d’actions terroristes sur notre sol ?

La Révolution qu’il nous faut n’avait probablement pas ce visage hideux dans l’esprit de ceux qui la souhaitaient ou la craignaient.

La guerre après l’angoisse du Grand Soir

Le Grand Soir n’est pas venu.

Il y avait ceux qui le voulaient. Le Front de Gauche, à coup sûr, même si on ne sait plus trop si le Parti Communiste partageait encore cette espérance. Les mouvements révolutionnaires d’extrême gauche.

Il y avait ceux qui le craignaient. Le gouvernement par exemple, obsédé par la transformation de la pétaudière française en champ de foire incontrôlable.

Finalement, les prolétaires français n’ont pas bougé. Ce sont les prolétaires issus de l’immigration, fixés dans les banlieues, qui passent à l’action. Le drapeau vert a vaincu le drapeau rouge.

La guerre et ses grandes peurs

Paris est à cran. Le moindre coup de pétard est comme une ombre projetée sur un mur lointain : il se transforme en canonnade immense, et la foule s’enfuit. On l’a vu place de la République aujourd’hui. La ville bruissait de fantasmes qu’on croyait impossibles de nos jours. La RATP elle-même a fait courir la rumeur de tirs dans le métro.

L’émotion est partout. L’émotion a pris le pouvoir. Tout est désormais possible, même le pire.

La guerre face à une France hébétée

La guerre est dans nos rues, mais personne n’a d’idée claire sur la façon de la gagner. François Hollande décrète l’état d’urgence mais pour quoi faire ? Il laisse les policiers agir. Et après ?

La France reste sur son absurde politique arabe, qui consiste, depuis plusieurs années, à remplacer les régimes laïques par des régimes musulmans sunnites. Nous avons commis cette folie en Tunisie, en Égypte, en Libye, en Syrie. Nous en payons le prix fort aujourd’hui. Non seulement aucun bilan critique n’est dressé, mais l’inversion complète de logique qu’il faudrait désormais n’est pas prête d’arriver.

La guerre et la dictature

François Hollande a annoncé devant le Congrès son intention de proroger pendant trois mois l’état d’urgence. Il aurait l’intention de changer la loi de 1955 qui lui donne pourtant beaucoup de pouvoir. La tentation autoritaire triomphe, sans aucune idée claire sur la politique à mener.

Il ne vient à l’esprit que de peu de personnes de constater le naufrage de la politique menée depuis les attentats de janvier : la surveillance généralisée des communications n’a servi à rien. Et comme le soulignait le commissaire Marion sur une radio publique, l’enquête avance vite grâce aux méthodes policières traditionnelles. Comme disait les Shadoks : plus on rate, plus on a de chance de réussir.

La guerre contre la majorité

Une fois de plus, la réaction de François Hollande touche la majorité : l’état d’urgence remet en cause les libertés de tous les Français. En revanche, il ne semble pas vouloir s’intéresser aux groupes spécifiques qui servent de terreau au terrorisme. Rien sur la montée de l’islamisme. Rien sur le rappel aux règles dans les quartiers où la haine du pays se transforme en doctrine officielle. Rien sur cette France des faubourgs qui remue aujourd’hui.

Le souci de François Hollande est-il de contrôler le pays, gens honnêtes compris, ou de gagner la guerre qui s’engage ?

La guerre aux fiches « S »

La question du sort à réserver aux radicaux musulmans marqués du « S » de la surveillance tarde à être discuté. Que faire de ces 3.000 ennemis de l’intérieur qu’il faut surveiller comme le lait sur le feu dans la crainte d’un nouvel attentat ?

Nicolas Sarkozy propose de leur passer un bracelet électronique et de les assigner chez eux. C’est un début. Tôt ou tard, l’internement, ou la déportation comme pour les communards en 1871, viendra sur le tapis. L’urgence est de nous forger une doctrine du respect des libertés en temps de guerre.

La guerre en Syrie, mais pour quoi ?

Faute d’idée, faute de vision, la France entre dans la guerre en Syrie à reculons et avec un esprit de défaite. Il nous faudrait une idée du Moyen-Orient de demain, une cible à atteindre. En dehors de chasser le dictateur Bachar El-Assad et de mener des frappes aériennes, François Hollande n’en a aucune, semble-t-il.

L’intervention au sol est pourtant inévitable. Rien ne serait pire que de la déclencher avec aussi peu de certitudes sur la conduite à tenir. Il y a quarante ans, la main de la France tremblait moins : nous savions les bienfaits (et les inconvénients) du Baas et des mouvements laïcs en Syrie, en Irak, ou en Égypte. L’excès d’atlantisme nous a égaré sur une mauvaise pente.

La guerre et ses petits secrets

Les attentats de Paris ont eu une vertu : ils ont accéléré l’alliance russo-américaine pour intervenir en Syrie. Tout n’est pas encore réglé, en particulier le sort immédiat de Bachar El-Assad. Mais le reste devrait suivre : il y a aura bien cause commune pour écraser l’État Islamique.

La guerre et la Belgique

Plusieurs terroristes vivaient à Molenbeek, ou avaient des liens avec cette commune de la banlieue bruxelloise. La communauté musulmane y est importante, et relativement coupée du monde. Les services de renseignement belge ne la contrôlent pas. Le grand désordre belge y est à l’œuvre.

Les mois à venir montreront l’imbrication grandissante entre Belgique et sécurité de la France. Il faudra bien réagir tôt ou tard.

Revenir à la vie normale

Dans ce déluge de mauvaises nouvelles, qui rappellent que nous avons mangé notre pain blanc, qui laissent augurer des années noires après soixante-dix ans d’insouciance, il faut essayer de reprendre une vie normale et vaincre la peur de laisser derrière soi les siens qu’on ne reverra peut-être pas le soir venu.

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