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  • : Le blog de Jean-Loup
  • : Engagé, depuis plusieurs décennies dans une démarche visant à lutter contre tous les processus d'exclusion, de discrimination et de ségrégation socio-urbaine, je suis persuadé que si nous voulons « construire » une société reposant sur un véritable Vivre Ensemble. Il nous faut savoir, donner du sens au sens, prendre le temps de la concertation et faire des propositions en adéquation avec les besoins de nos concitoyens.
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17 avril 2016 7 17 /04 /avril /2016 12:50
Ce matin je lisais deux billets d'un ami sur Facebook, ils m'ont interpellé. Il m'a semblé intéressant de les soumettre a votre sagacité 

Premier Billet 

Ce soir, je suis allé à la Nuit debout, Place de la République.
Je ne pensais pas y découvrir grande chose de neuf.
Mauvaise évaluation, j'ai pris une grosse leçon d'anthropologie et de sociologie.
J'arrive, un débat est en cours. Des centaines de gens sont assis, preuve que la nuit debout ne l’est qu’au sens figuré. Une dame s'exprime avec beaucoup de fougue en anglais, avec un traducteur, Elle exprime aux gens qui sont là qu'ils sont le seul vrai pouvoir et que ce qui est vraiment décisif c'est que chacun d’entre eux, ne parle que pour lui-même, il ne défend que ses propres intérêts, le parterre applaudit après une incitation par l'interprète : « Vous pouvez tout de même vous applaudir ».
Puis on passe aux affaires sérieuses.
La Commission médias vient s'exprimer devant l’Assemblée générale. Tout d'abord elle exige qu'on aille plus loin dans la démocratie directe et demande que le mandat qui lui est confié soit absolument impératif de façon à trancher avec la vieille politique.
On vote. Désormais cette commission média qui est chargée de faire des communiqués de presse ne les écrira plus que sur mandat impératif. Le vote est unanime. On sent bien que c'est un peu compliqué d'écrire à plusieurs centaines un communiqué de presse, mais la commission va écrire toute seule avec un mandat impératif.
Puisqu’ qu'il est impératif, elle ne peut pas trahir la pensée des centaines de personnes qui sont là, C'est une évidence.
Après ce vote enthousiaste la représentante de la commission vient exposer le mandat impératif qu'elle voudrait obtenir de l'assemblée : « Les médias font pression sur nous pour avoir une réaction sur les violences » et de proposer d’écrire un communiqué pour dire que « la Nuit debout dénonce la pression des médias pour obtenir une réaction sur les violences, alors que la violence, c’est celle de l'exploitation capitaliste ». « Comme nous l'avons toujours dit »  ajoute-t-elle. J’entends bien qu'aujourd'hui le temps médiatique va très vite mais entendre parler de « toujours » dans un mouvement qui n'a encore que quelques jours, m’a rendu rêveur.
Et là, la dame détaille un point de vue classique des anarchistes sur la violence légitime des opprimés, que j'avais déjà entendu à la cafétéria de l’université de Vincennes dans les années 70.
Elle annonce donc que le communiqué racontera tout ça et sollicite un vote pour lui donner un mandat impératif qui l’obligera à le faire.
Las ! Ce n'est pas l'idée du parterre. L'idée de ne pas répondre à la presse par un communiqué de presse qui dirait qu'on ne lui répond pas, suivi d'un discours très compliqué sur la violence, cela n'accroche pas. On préfère ne pas répondre du tout…
On fait un premier vote, elle n'obtient que 10 % de l’assemblée, son compère déclare alors que ce n'est pas clair, que la salle est partagée. Certes la salle est partagée, 90% contre et 10% pour. Dans la démocratie bourgeoise ça s'appelle un échec cuisant.
Mais nos jeunes amis ne vont pas s'arrêter là, comme Madame a échoué c'est Monsieur qui va s'essayer, et la discussion va recommencer puisque « la salle est partagée ». Avec la même rhétorique les mêmes « jamais » les mêmes « toujours », Monsieur a beau être un peu plus long que Madame, avoir la voix plus forte, il ne convainc pas plus, Pire, il décourage la minorité qui les suivait.
Un vote a lieu de nouveau cette fois-ci il est pratiquement unanime, les minoritaires ayant préféré baisser le nez.
Et bien, que croyez-vous qu'il arriva ?
On annonça à l'assemblée médusée, mais impuissante et grognante, que, comme si elle avait refusé un Traité constitutionnel européen, on allait lui refourguer dans quelques instants le mandat impératif qu'elle ne pourrait pas ne pas voter pour un Traité de Lisbonne, et qu'elle en mangerait qu'elle le veuille ou non.
Grosse leçon : au temps du numérique, il ne faut que quelques heures pour que s’installe la bureaucratie la plus insouciante de ses mandants, dans un mouvement spontanéiste aux exigences ultradémocratiques de mandats impératifs. Il ne lui faut que quelques jours pour qu'elle arrive à refaire, en plus rapide, les plus mauvaises séquences de la « démocratie bourgeoise » des dernières années.
Nuit debout a de l’avenir.
La commission média est prête, en tout cas…

Deuxième Billet 


J'ai appris, en rentrant chez moi, qu'au même moment que moi, se trouvait, place de la République, celui dont pendant deux ans j'ai eu la chance d'être le voisin horaire sur France Culture, et ainsi eu l'occasion de rencontrer et connaître, et apprécier personnellement, après l'avoir, auparavant, apprécié intellectuellement, Alain Finkielkraut.
J'ai aussi découvert, inquiet, non seulement ce qui lui est arrivé, mais la façon dont certains s'en flattent.
En politique, Il faut toujours essayer de se mettre à la place de l'autre, essayer de comprendre ce qui se passe dans sa tête, car on ne peut pas considérer que l'autre lui-même se considère comme un « salaud ».
Ces jeunes intériorisent tellement la violence symbolique du déluge médiatique qu'ils reçoivent – dont tel ou tel d'entre nous peut faire partie, parce qu'il s'exprime un jour sur les antennes, sans en être nécessairement le deus ex machina – qu'ils ont le sentiment d'une « violence légitime » lorsqu'ils peuvent s'en prendre physiquement à lui.
Car ils sont incapables de l'affronter intellectuellement, et lui reprochent amèrement leur impuissance à le faire. Ils n'ont pas la réaction immédiate de l'affrontement politique, qui consisterait à lui ouvrir la tribune et à lui demander de s'adresser à l'auditoire, puis lui répondre et engager un débat politique avec lui, loin des idée et commentaires préformés du média. Ils auraient là toutes leurs chances de l'emporter, puisque ce sont leurs amis qui constituent la salle, et que ce n'est pas Frantz-Olivier Giesbert qui décerne les bons et les mauvais points à la fin de l'émission. Par ressentiment ou autre passion triste, ils ne peuvent qu'appliquer une démarche d'exclusion et de violence physique à un de ceux qui leur semble, confusément, car tout chez eux est confus, participer à la confiscation de la parole.
Mais, on sent bien dans leur mouvement passionnel, que si celui-ci les rapprochait du pouvoir, c'est une solution totalitaire vengeresse, qui leur semblerait indispensable pour rééquilibrer la chose. Puisqu'il n'acquerraient jamais par leur méthode, la capacité intellectuelle de se confronter à qui n'est pas d'accord avec eux.
Car tout se passe comme si la demande réelle de chacun d'entre eux était : « tout, tout de suite, pour moi, comme tous ces gros richards qu'on voit s'ennuyer dans leurs jets privés dans Amour, gloire et beauté ».
C'est-à-dire une demande essentiellement formatée par l'hyperconsommation, le fascinant « illimité », dont ils sont le produit. La quête de l'avoir, le rejet de l'être
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