Après de multiples rebondissements, François Fillon est désormais le seul et l’unique candidat du parti LR. Avec le soutien inconditionnel de quelques journalistes, dont certains n’ont pas hésité à lui organiser un dîner, François Fillon dispose d’un atout non négligeable pour relayer son credo : il faut avoir le courage de « casser la baraque ». Mais son programme « casse »-t-il vraiment la baraque ?
LE PROGRAMME DE FRANÇOIS FILLON EN ÉCONOMIE
Jusqu’au 10 mars 2017, la présentation du programme de François Fillon n’était en rien renversante, contrairement au poids des mots. Elle s’apparentait à un livret scolaire dans lequel prédominait son diagnostic sur la situation. Du livret de 109 pages Pour Vous aux explications par thèmes sur son site de campagne, de nombreuses redondances littéraires se succédaient avec, de temps à autre, un cadre pour illustrer quelques propositions. Quant à l’essentiel des propositions « pour redresser la France », les plus significatives demeuraient sans explication :
- aucune précision sur la répartition entre les charges (et lesquelles) et les impôts dans les 40 milliards au profit des entreprises, ni la période, pas plus que sur la structure qui remplacerait le RSI,
- omission des modalités de mise en place sur la franchise de TVA pour les commerçants, artisans, et auto-entrepreneurs, sachant que pour toute réduction d’un taux TVA il faut un accord de l’Union européenne en raison de la part versée à l’UE et qu’il s’agit d’un impôt de consommation redevable par le consommateur à l’État, même si l’artisan, le commerçant ou autres en font la collecte (=peut-on juridiquement « franchiser » d’une taxe le collecteur de cette taxe ?),
- le non remplacement des départs à la retraite des 500 000 fonctionnaires ne précisait pas quel secteur de la fonction publique serait impacté (=aucun diagnostic) et ne s’accompagnait pas d’une réforme profonde des institutions de l’État en vue de recentrer ses fonctions à un rôle purement régalien.
Par ailleurs, la fameuse suppression des 35 heures ne concernait que la fonction publique, puisque dans le privé il s’agissait de « lever le verrou » par des accords d’entreprise, un procédé qui existe déjà. Or, sans une loi sur la suppression des 35 heures, ces 39 heures ne pourraient être imposées comme une durée légale à la seule fonction publique. Et la retraite à 65 ans, avec un chômage des seniors déjà alarmant, ne risquait pas de faciliter le financement des retraites.
En résumé, le programme de François Fillon en matière d’économie était volontairement provocateur par les chiffres annoncés et les éléments de langage, mais il était superficiel. Prétendre augmenter le pouvoir d’achat avec le rétablissement de l’allocation familiale pour tous et la suppression de la cotisation d’assurance maladie, alors qu’en contrepartie il y avait une hausse de TVA de 2 points sur les taux supérieurs, démontrait l’absence d’analyse d’impact réel.
C’est peut-être pour ces raisons et d’autres, comme éviter la fuite des électeurs du centre vers Emmanuel Macron, que François Fillon a supprimé le 10 mars la présentation de ce programme sur son site de campagne, dont ont été extraites les données du tableau ci-dessous. Il annonce à cette date la « Présentation du projet présidentiel à venir prochainement », six semaines avant les élections.
Propositions de François Fillon sur son site de campagne |
Entreprise-Commerce-Artisanat
Salariés
Ménages
Pour l’ensemble
Divers
|
À la lecture des programmes, François Fillon n’avait plus le monopole sur certaines mesures, telles que la baisse de l’impôt sur les sociétés et les capitaux, les accords d’entreprise et le Code du travail. Emmanuel Macron fait ces mêmes propositions. De plus, contrairement à François Fillon, Emmanuel Macron propose, et maintient, des mesures bien plus concrètes et novatrices (du moins en rapport aux précédents quinquennats) pour un système social-démocrate, parmi lesquelles se trouvent :
- l’exonération de la taxe d’habitation offrant un impact réel sur 80% des foyers taxés avec indirectement un véritable contrôle sur certaines hausses abusives, puisque compensée par l’ensemble des contribuables au travers de l’État et donc contrôlée par celui-ci,
- l’assurance chômage universel qui encourage réellement la prise de risque, notamment des auto-entrepreneurs, des artisans, des commerçants, des chefs d’entreprises TPE et PME, et des agriculteurs,
- un système de retraite à points qui permet non seulement de supprimer les régimes spéciaux, d’optimiser la gestion des retraites (= réduction des coûts administratifs) et d’offrir une transparence sur les droits acquis, mais de plus il permet à tout un chacun d’augmenter à souhait sa contribution et de choisir le moment le plus opportun de départ à la retraite (avant ou après l’âge de légal de la retraite) le tout avec l’État comme garant et non des sociétés privées.
A SUIVRE
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